Atelier d'Ecriture
L'Affut par Christophe
A l’affût.
Je restais à l’affût derrière ma fenêtre chaque dimanche après-midi. Non pas que j’espionnais le voisinage mais
j’adore voir les oiseaux se poser dans le silence dominical sur le
rebord de ma fenêtre. Un moineau, une mésange, un rouge-gorge et même
parfois un merle ou une pie. Je reste des heures dans ce vieux fauteuil
en cuir à siroter un café et en fumant un cigare après manger.
Mais
aujourd’hui pas d’oiseaux, dans l’allée herbeuse qui descend vers le
canal en dessous de ma fenêtre, une nuée de gens bruyants passe ou
s’arrête pour s’embrasser, là où quelques minutes plus tôt un ivrogne uriner. Car aujourd’hui c’est la fête du village non loin de chez moi.
J’entends des tirs de carabines à plomb qui effraient mes chers
oiseaux, mais aussi le vendeur de barbe à papa qui interpelle les
passant, le bruit des autos tamponneuses, le piston hydraulique du
manège pour enfants qui
les fait grimper dans les airs dans un petit hélicoptère ou un petit
avion pour qu’ils attrapent un pompon qui leur est inaccessible la
plupart du temps. Alors sous ma fenêtre passent les villageois qui ont acheté une pomme d’amour, une guimauve géante ou fait un tour de manège. Je
suis là dans mon fauteuil à observer tout ce petit monde qui d’habitude
est si sage, se laisser aller à des débordement très légitime en ce
jour de fête mais qui exacerbe le trait de chacun. Notre facteur qui ne
boit pas souvent d’eau est saoul et doit se tenir au mur de la maison d’en face. La serveuse de la boulangerie est avec un jeune homme très entreprenant contre le portail de ma cour. Puis il y a les enfants qui courent dans l’herbe de l’allée en criant si fort que mon chat Arthur se réveillât en faisant
un bon. Je me mis à recenser un à un les villageoise et les villageois
dans un coin de ma tête en souriant de les savoir si libre de leurs
faits et gestes sans savoir que je les observais.
Seul mon voisin Jean leva la tête pour me dire bonjour, ce que fit
aussi sa femme Yvelines imitant son geste lors de leur passage sous ma
fenêtre. Je prenais un grand plaisir, voir même un certaine
délectation à cet affût qui pris fin à la tombé de la nuit, l’allée
n’étant pas éclairée, je ne voyais plus rien et je fermais la fenêtre
quand j’entendis un gémissement amoureux qui me fit rougir.
Christophe M.M.
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